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Le second exemple est celui de « B. », 14 ans, insulté et battu par ses camarades, tandis que ses chaussures disparaissent, que ses manuels scolaires sont retrouvés dans la poubelle, couverts d’injures telles que "Tout le monde te déteste ici, disparais, meurs !". Sa mère alerte le professeur responsable de la classe, sans succès. B., pour avoir mêlé les adultes à cette histoire, voit les persécutions redoubler. Ils sont 15 à s’acharner sur lui. Par une journée de juillet 1994, 6 filles de sa classe tartinent sa table de margarine, et répandent sur sa chaise de la poudre de craie et des punaises. B. rentre chez lui après les cours et se pend dans sa chambre. Inscrit dans l’établissement depuis avril, il a tenu bon quatre mois.
Un autre cas de ijime, toujours en 1994, a été à l’origine d’un débat de société national. Kiyoteru, 13 ans, raconte dans son "testament" les maltraitances dont il était victime, avant de se pendre, le 27 Novembre. Persécuté depuis le CM2, Kiyoteru est victime de racket, ses bourreaux lui enfonçant la tête dans la rivière en guise de menace : "Après cela, c’est regrettable mais j’ai obéi quoi qu’ils me disent." Plus de deux ans de brimades allant crescendo, de la bagarre au statut de porteur de sacs puis de "pourvoyeur de fonds pour les sorties après l’école". Volant de l’argent à ses parents, Kiyoteru, honteux, ne peut en parler à sa famille, mais il note scrupuleusement les sommes dérobées. "Constamment, j’étais leur larbin. En plus, ils m’ont aussi fait des choses dont j’ai trop honte pour parler" : ces "choses" sont révélées par l’enquête qui suit son suicide : se mettre à quatre pattes comme un chien devant le supermarché local ou se masturber devant ses camarades…